Taxonomie des compétences

par Sabine Sépari
Maître de conférences HDR Sciences de gestion
ENS Paris-Saclay

 

Qu’est-ce qu’une compétence ?

Une compétence peut être formulée par : être capable de + verbe + complément.

UNE COMPÉTENCE est constituée :
de savoirs (connaissances)
+ de capacités (savoir-faire)
+ d’attitudes (savoir être)
+ de certains savoirs méthodologiques

Robert L. Katz, dans un article de Harvard Business Review de 1974 ("Skills of an Effective Administrator") recense 3 types de compétence à associer :

  • les compétences techniques (méthodes, techniques, procédures d’une spécialité) disciplinaires et préprofessionnelles,
  • les compétences conceptuelles transversales (analyser, comprendre, argumenter, communiquer...),
  • les compétences humaines (intra et interrelationnelles).

Pour les épreuves du DCG et DSCG, deux types de compétences doivent être combinées :

Compétences techniques disciplinaires – par exemple, savoir calculer un coût.
Compétences transversales – par exemple, argumenter une décision juridique, analyser une décision managériale.

Le candidat doit démontrer ses capacités à utiliser ses savoirs de manière méthodique pour résoudre des problèmes.

Par exemple, pour analyser un calcul de coûts, il faut connaitre les étapes de la méthode de ce calcul puis savoir lister les avantages et les inconvénients de la méthode pour la comparer à d’autres.

Une classification des compétences : la taxonomie de Bloom

Les compétences s’articulent, se combinent, s’enrichissent et chaque personne construit, au fur et à mesure de son expérience, de ses pratiques, son corpus de compétences pour agir dans une situation.
Plusieurs types de compétences et de classements existent ; il n’y a pas de standard universel mais il est possible d’y réfléchir à partir d’une base.

Benjamin Bloom présente une articulation et une progression des compétences des plus simples aux plus difficiles à partir d’une base de connaissances ou savoirs ; à chaque niveau, plusieurs verbes d’action sont proposés pour décliner ce domaine de compétence.

Taxonomie de Bloom

Source : La taxonomie des objectifs éducationnels selon Bloom, Wikipédia

 

  1. La connaissance : c’est le fait de mémoriser des informations.
    Opérations : définir, dupliquer, nommer, reproduire....
  2. La compréhension : c’est le fait d’interpréter de l’information en fonction de ce qui a été appris.
    Opérations : classifier, décrire, reconnaître, reformuler, traduire, etc.
  3. L’application : c’est le fait de sélectionner des données pour réaliser une tâche ou résoudre un problème.
    Opérations : démontrer, illustrer, calculer, planifier, schématiser, etc.

Les 3 niveaux suivants peuvent être mis sur le même plan et combinés :

  1. L’analyse : c’est le fait de mettre en relation des faits et des énoncés ou questions
  2. Opérations : estimer, interpréter, critiquer, distinguer, questionner, etc.
  3. La synthèse : c’est le fait de synthétiser des idées en une proposition, un plan, un produit nouveaux.
    Opérations : collecter, construire, formuler, gérer, proposer, installer, etc.
  4. L’évaluation : c’est le fait d’estimer et de critiquer en fonction de critères que l’on se construit.
    Opérations : argumenter, évaluer, justifier, prédire, chiffrer, etc.
Les 6 taxonomies de Bloom

Pour les épreuves du DCG et DSCG

  • le niveau « connaissance » est la base de savoirs qu’il faut acquérir :
    colonne de droite du programme,
  • pour ensuite exercer les niveaux successifs supérieurs de compétences : colonne de gauche du programme exprimée sous forme de verbes.

Source : la roue de la taxonomie de Bloom, par K. Aainsqatsi, Wikimedia.

Pourquoi cet angle pour apprendre ?

Les savoirs seuls « statiques » ne sont pas utiles.

Pour agir, choisir, décider, maitriser une activité, tout acteur doit associer, combiner, utiliser des savoirs de manière dynamique, en fonction du contexte, des objectifs, des contraintes, de l’expérience acquise.

Ainsi, dans la vie professionnelle et pour les épreuves des examens et concours, la différenciation ne se fait pas par les savoirs « bruts » mais sur leur utilisation, donc sur les compétences qu’il faut acquérir avec des démarches et des méthodologies.

Il s’agit donc d’expliciter la manière d’utiliser des savoirs pour « savoir faire » et « savoir être ».