Balades en expertise comptable :
Le protectionnisme

Actu Gestion janvier 2023

Décrypté par Audrey Meyer, professeur en classes préparatoires à l’expertise comptable, coauteur du manuel DCG 9 et du « Tout l’entraînement DCG 1re année », ouvrage complet de préparation à l’épreuve.

#InflationReductionAct #Inflation #Consommation

Le protectionnisme

Dans le cadre de sa visite d’Etat aux Etats-Unis ce début de décembre 2022, le Président français Emmanuel Macron a probablement plaidé des exceptions européennes à la loi américaine sur la réduction de l’inflation adoptée cet été, dite « Inflation Reduction Act ». Cette loi instaure notamment des crédits d’impôts pendant dix ans sur l’investissement et la production pour les fabricants de véhicules électriques et de batteries implantés aux Etats-Unis. Elle offre également des crédits d’impôts aux ménages américains qui achètent des véhicules électriques fabriqués aux Etats-Unis.

Cette loi a alors pour objectif d’accroître les investissements et les emplois dans les entreprises vertes situées sur le sol américain, entraînant des relocalisations d’usines, au détriment des investissements américains à l’étranger. Cette loi, qui ne correspond pas aux règles fixées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), constitue ainsi une mesure protectionniste.

Mais en quoi consiste le protectionnisme ?

Le protectionnisme est une doctrine prônant une politique économique interventionniste menée par un État ou un groupe d’États, consistant à protéger ses producteurs nationaux contre la concurrence des producteurs étrangers. Les motivations peuvent être le maintien de l’emploi dans certains secteurs d’activité, la diminution du déficit commercial, ou la défense du niveau de vie.
Les modalités du protectionnisme consistent essentiellement à :

  • freiner les importations (au travers de barrières douanières, de quotas, de normes contraignantes, de freins administratifs, ...),
  • encourager les exportations (par des subventions diverses, des incitations fiscales, une dévaluation de la monnaie, …),
  • favoriser l’implantation des entreprises sur le sol national (par exemple en privilégiant les entreprises nationales dans les appels d’offres de marchés publics),
  • empêcher les investisseurs étrangers de prendre le contrôle d’entreprises nationales.

Selon l’économiste LIST, un « protectionnisme éducateur » est nécessaire pour protéger temporairement les industries naissantes, afin de leur permettre de se développer suffisamment pour bénéficier d’économies d’échelle et d’effets d’expérience, et pouvoir ensuite faire face à la concurrence internationale. L’économiste KALDOR soutient quant à lui qu’il faut protéger les entreprises anciennes en déclin (principalement issues de la 2nde révolution industrielle) pour ne pas laisser les entreprises concurrentes étrangères envahir le marché national. Enfin, l’économiste KRUGMAN prône l’instauration de politiques commerciales stratégiques soutenant la recherche-développement dans les entreprises nationales, afin de permettre au pays de faire émerger un avantage comparatif.

Cependant, quelles peuvent être les limites du protectionnisme ?

  • Tout d’abord, le protectionnisme conduit à faire payer un surcoût au consommateur national, dans la mesure où les producteurs nationaux, protégés de la concurrence étrangère, peuvent vendre des produits plus chers et/ou de moins bonne qualité que les produits importés.
  • Par ailleurs, même si la situation des producteurs nationaux s’améliore à court terme, les mesures protectionnistes peuvent constituer un frein à leur capacité d’adaptation et à leurs efforts d’innovation, ces derniers faisant face à une pression concurrentielle amoindrie. 
  • Enfin, les mesures protectionnistes font courir un risque de représailles des autres pays qui peuvent à leur tour mener des politiques interventionnistes. Dans le cadre de guerres commerciales, le protectionnisme devient alors un jeu à somme négative où tous les protagonistes ressortent perdants.

Dans l’optique justement de calquer la loi américaine sur la réduction de l’inflation IRA, le gouvernement français milite actuellement auprès de ses partenaires européens pour adopter une loi similaire, afin d’attirer les IDE étrangers et d’améliorer la compétitivité des entreprises européennes.

Eléments complémentaires

Lien avec le programme du DCG :

UE du DCG

Lien avec les savoirs du programme

Compétences associées

 

 

UE 5 « Economie contemporaine »

  • Régulation du commerce mondial : organisation et principes.
  • Investissement direct à l’étranger (IDE).
  • Protectionnisme : définition, modalités, principales théories (List, Kaldor, Krugman, Amin), conséquences.
  • Politique d’attractivité et de compétitivité.
  • Justifier la défense du libre-échange et les motivations protectionnistes.
  • Identifier les différentes modalités du protectionnisme.
  • Expliquer les enjeux des politiques d’attractivité vis à vis de la croissance économique.

 

Pour aller plus loin :